Il est particulièrement difficile de parler de Jacques Lacan, surtout dans le cadre d'une présentation brève car il s'agit d'un personnage complexe qui a soulevé les passions. Génie pour les uns, imposteur pour d'autres, il est certes celui qui a dominé le paysage psychanalytique français jusqu'à tout récemment. Même les différentes structures institutionnelles qui se sont constituées au fil des ans l'ont en grande partie été en fonction de lui.
Jacques-Marie émile Lacan (1901-1981) provient d'une famille bourgeoise de province. Il a fait des études en médecine puis s'est tourné vers la pratique psychiatrique. Marginal, séducteur, provoquant, Lacan assimilera tout autant l'enseignement de G.G. de Clérambault que celui du philosophe Alexandre Kojève, préparant ainsi ses élaborations théoriques originales qui porteront toujours le sceau d'une réflexion philosophique.
Analysé sur le divan de Rudolf Loewenstein, Lacan effectue sa grande entrée sur la scène de la psychanalyse internationale lors du congrès de Marienbad en 1936 par la présentation de son texte sur le stade du miroir. Lacan inaugurait ainsi une façon de théoriser la psychanalyse qui allait désormais porter sa marque. écrite dans un style alambiqué, la pensée de Lacan tirera toujours sa matière de la fécondation d'autres disciplines, comme la philosophie, la linguistique, les mathématiques, le structuralisme...
Jacques Lacan a fondé en 1964, après une série de ruptures, l'école Freudienne de Paris qui se place en marge de l'International Psycho-Analytic Association et qui dominera de son éclat et par ses déchirements la scène analytique française. Lacan sera le grand inspirateur de cette vaste expérience analytique et intellectuelle que sera l'école jusqu'à sa dissolution en 1980. Souvent attaqué en raison de son aspect théâtral et tapageur, l'enseignement de Lacan, difficile à aborder, commence, suite au décès du maître en 1981, à se répandre et à trouver sa place dans la réflexion analytique en se dégageant des phénomènes de transfert et d'idéalisation qui lui ont souvent nui.
--- © Ilmi Manuka ---