Notre monde a bien changé… exit de l’Oedipe freudien ?
Nous savons que la fonction du père Oedipien est de permettre à l’enfant, l’accès au désir, soit quitter le rapport « incestueux » à la mère, de passer du désir de la mère, à la loi du père… désirer ailleurs. Soit un désir soumis à loi… un désir qui ne sera plus jamais pleinement satisfait!
Lacan ouvrira la porte à une exploration d’un au-delà d’oedipe, ce dernier ne pouvant rendre compte de la sexualité féminine…, cet au-delà des mots, du sens, cette « jouissance Autre »,… Jouissance supplémentaire à la jouissance phallique… partagée par les deux sexes.
Avec l’Oedipe, la théorie du désir est limitée au désir infantile, ( souvent inconscient ) de jouir de la mère et de tuer le père, il ne rend pas compte de l’objet qui CAUSE ce désir, il est insuffisant pour nous le faire entendre!
Ce qui cause le désir, Lacan l’appellera: l’objet petit a… objet pulsionnel, objet fantasmatique… ne pouvant être désigné par aucun objet réel!
C’est un objet de jouissance —qu’il écrira jouis-sens—, au-delà du sens. Objet en arrière du désir, qui le provoque, l’enclenche…, et non un objet qui serait visé par le désir… un objet de consommation.
Nous sommes bien au-delà de l’Oedipe, et cette problématique du désir est au-delà… elle est de structure… dite structure voilée par le mythe…
Dans un premier temps, dans ses premiers séminaires, Lacan va donc reprendre et théoriser la découverte freudienne, basée surtout sur l’imaginaire mythique, et le réel de la possession de l’organe, le pénis, qu’il va développer et articuler plus particulièrement à la dimension symbolique, et ce sera ce qu’il appellera la métaphore paternelle. Elle va signer notre dépendance au langage, notre humanité!
Pour résumé on va passer, du père du « non » freudien, au père du « nom » lacannien .( NDP )
En dernier recours, cette métaphore ( substitution de sens à un autre ) va représenter ce qui restera de l’objet perdu ( ce à quoi il faut renoncer pour entrer dans le désir )… à jamais… Puisqu’ inatteignable… lieu vide, trou symbolisé par le nom du père ( NDP ), par le phallus.
Qu’en est-il dans une psychanalyse?
Le cours de l’analyse —par l’interprétation, l’équivoque, le jeu de mots…— conduira à un épuisement du sens, un assèchement du trop de sens ( trop de sens nourrit le symptôme, l’entretien ), afin d’atteindre le hors sens… l’indicible, l’illimité… lieu de ce que Lacan nomme, « La lalangue », et ainsi, de toucher à ce qui a marqué le corps.
Qu’est ce que la lalangue?
Tout d’abord, cela vient de lallation, du latin lallare, le fait de chanter « la la la », pour endormir les enfants. C’est un terme qui parle du babillage des enfants, à une époque ou ils ne parlent pas encore, mais produisent des sons, qui disjoint du sens, n’en sont pas pour autant disjoint du contentement ressenti par les enfants.
Le langage, est fait de lalangue: « c’est une élucubration de savoir sur la langue. » Lacan.
C’est un « savoir faire » avec lalangue dite maternelle, qui nous a « affecté » qui, à notre insu, a eu des effets sur notre corps, des effets de jouissance, effets liés à notre prise dans la langage… et qui est propre à chacun. C’est ce que nous avons de plus privé.
Alors, Oedipe, Un mythe… Un rêve de Freud… Un symptôme … ? Ce n’est ni pour, ni contre, ni anti …. C’est l’Oedipe selon Freud, mais cadré limité.
C’est en travaillant sur James Joyce que Lacan a pensé cet au-delà de l’oedipe , comme visée de la psychanalyse…
--- © Michelle Tilman 2016---